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Le repas à l'école
L'hiver, il fallait apporter, non seulement son pain, mais aussi du
bois pour entretenir le poêle de l'école. Chaque matin, ceux qui
habitaient loin devaient partir de bonne heure. La mère gardait
toujours, de la veille, une écuelle de soupe qu'elle faisait
réchauffer devant les tisons ranimés. Pendant que l'enfant mangeait,
elle mettait durant un petit moment dans ses sabots, pour en chasser
l'humidité, quelques braises mêlées de cendres qui réchauffaient le
bois sans avoir le temps de le brûler. La soupe avalée, l'enfant
enfilait ses sabots et partait, emportant dans son sac de cuir qui
avait deux poches, d'un côté un morceau de pain, du fromage, une
pomme, des noix, des châtaignes, et de l'autre côté, une bûche ou
deux, si elles étaient petites. A son arrivée, le maître commençait
par faire sortir les bûches qu'il estimait de l'œil et de la main.
Il avait toujours l'air de les trouver trop petites, ou bien il
disait que ce n'était pas du bon bois et qu'elles brûleraient trop
vite. L'hiver, le meilleur moment pour les petits écoliers
d'autrefois était la récréation de midi. Ceux qui venaient de loin,
restaient manger à l'école. Les enfants posaient les sabots,
prenaient leurs sacs accrochés au mur, poussaient les tables tout
près du poêle, et perchés dessus, les pieds appuyés au tuyau
mangeaient leur « midi ». Quelquefois, il arrivait de trouver le
pain gelé dans le sac, et il fallait un moment pour le faire
ramollir. Les enfants faisaient griller les châtaignes, cuire les
pommes mais ce qu'ils aimaient par-dessus tout, c'était le fromage
qu'ils faisaient fondre à la pointe du couteau sur le tuyau du poêle
: tout de suite il coulait, on mettait vite son pain dessous et il
était mangé tout chaud. Les gros chaussons mouillés et plein de boue
fumaient en séchant, l'odeur des châtaignes et du fromage emplissait
la classe, et de temps en temps le maître passait, méfiant, son nez
à la porte. « Dieu que ça sent mauvais ! Tâchez de ne pas mettre le
feu à vos habits, criait-il. Et ramassez les morceaux de pain qui
traînent, vous les porterez aux lapins ! ».
Le temps passé à l'école d'autrefois était un temps bien employé.
Avec les instituteurs d'alors, pas moyen de paresser. Un coup de
trique sur la tête ou sur les épaules vous rappelait que vous
n'étiez pas là pour faire vos quatre volontés.
Jean-Claude TSAVDARIS
AUTREFOIS l'ECOLE EN PUISAYE
Edité en 2004
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